Bonjour à tous et à toutes, chers linuxiens. Vous est-il déjà arrivé de vouloir automatiser toutes vos tâches ? J'entends par là qu'au démarrage même de la machine, vous verriez tous vos scripts se lancer, automatiquement, sans avoir à lancer la session et se connecter en root pour enfin exécuter son script… ça ne vous tenterait pas ? Eh bien c'est possible grâce aux demons (appelés « services » sous Windows).
Citation : Wikipédia
[Un demon] désigne un type de programme informatique, un processus qui s'exécute en arrière-plan plutôt que sous le contrôle direct d'un utilisateur.
Évidemment, on pourrait se demander pourquoi faire un demon. Imaginez simplement que vous avez un tout petit serveur pour votre famille, pour vos amis, ou même un serveur de communication vocale. Ce serveur tourne sous Linux et à chaque fois que vous démarrez le serveur, il faut entrer login, mot de passe, puis lancer le terminal, s'identifier en tant que root et — enfin — lancer le script de démarrage. Eh bien le demon permet de lancer un script avec toutes les autorisations nécessaires, avant d'ouvrir sa session.
Donc, j'aurai juste à démarrer l'ordinateur, et mon serveur se lancera tout seul ?
Oui. :lol:
Quels sont les pré-requis ?
Tout d'abord, il faut le script d'exécution. C'est un programme qui se charge de démarrer le serveur. Exemple :
#!/bin/bash
/etc/init.d/apache start
Il faut ensuite l'accès au compte root.
Et enfin, il faut deux-trois connaissances. La plupart des serveurs demandent des accès au compte root, et le plus souvent vous n'avez pas besoin d'être derrière tout le temps ; vous le démarrez et le réduisez en tâche de fond.
Dans ce tutoriel, on abordera le dossier init.d qui contient tous les scripts demons.
On parlera aussi d'une variable $PATH. C'est une liste de répertoires qui permettent à l'utilisateur de faire directement des commandes sans se déplacer dans le dossier de l'exécutable. Exemple :
man
Cette commande appelle en fait /usr/bin/man. Et c'est grâce aux variables d'environnement ($PATH) que vous pouvez utiliser man au lieu de /usr/bin/man : elle contient en fait une liste de dossiers (dont /usr/bin/).
Voilà, vous avez normalement les connaissances nécessaires pour créer un joli demon. :)
Pour réaliser un demon, tout se passe dans ces dossiers : /etc/init.d/ et /usr/bin/
Créez un tout petit programme en shell qui lance votre serveur, si ce n'est pas déjà fait. Sous certains programmes (TeamSpeak), un programme dit startscript est déjà présent.
Lancez un terminal. Entrez-y la commande pour avoir accès aux droits root :
sudo -s
Entrez votre mot de passe (le mot de passe root).
Localisez votre script de démarrage et copiez-le dans /usr/bin :
cp /dir1/dir2/launcher /usr/bin/launcher
Ceci est valable pour tout type de fichiers (Python, shell, etc.).
La suite est un petit peu plus complexe : il faut créer un programme de lancement automatique situé dans /etc/init.d/
C'est là que Linux est bien gentil, il nous fournit un squelette, un cadre : skeleton. Donc copiez le skeleton dans votre script avec :
cp /etc/init.d/skeleton /etc/init.d/launcher
Puis on édite ce startscript :
gedit /etc/init.d/launcher
Ou sous KDE :
kate /etc/init.d/launcher
Là, plein de choses s'affichent, mais seulement quelques-unes sont importantes :
PATH=/usr/sbin:/usr/bin:/sbin:/bin
DESC="Description du service"
NAME=nomdudemon
DAEMON=/usr/bin/$NAME
DAEMON_ARGS="--options args"
PIDFILE=/var/run/$NAME.pid
SCRIPTNAME=/etc/init.d/$NAME
PATH : il ne faut pas toucher à cette ligne, c'est la liste des PATH
DESC : mettez une courte description de votre launcher.
NAME : mettez le nom de votre exécutable (ici, launcher).
DAEMON : on n'y touche pas (c'est là que se situe votre script).
DAEMON_ARGS : les options de lancement (quand vous lancez la commande, il est possible que vous ayez à mettre des paramètres).
PIDFILE : on laisse.
SCRIPTNAME : on laisse.
Vous remplissez avec vos paramètres comme ci-dessus. Un exemple avec un script « launcher » dans /usr/bin :
Le programme qui va gérer tous les demons (et bien plus) est « update-rc.d ».
Mais que fait-il exactement ?
Il crée plusieurs liens depuis /etc/rc0.d/launcher vers /etc/init.d/launcher.
Citation : Man update-rc.d traduit
update-rc.d met à jour automatiquement les liens vers les scripts d'initialisation de type System-V dont le nom est /etc/rcrunlevel.d/NNnom vers les scripts /etc/init.d/name. Ils sont lancés par init quand on change de niveau de fonctionnement et sont généralement utilisés pour démarrer ou arrêter des services tels que les demons. « runlevel » est l'un des niveaux de fonctionnement autorisés par init, 0123456789S, et « NN » est le code à deux chiffres utilisé par init pour décider de l'ordre d'exécution des scripts.
Je juge cette citation plutôt claire, et ne pouvant faire mieux, je vous la laisse.
Si vous êtes à la recherche d'une documentation complète (hé, on est sur un site pour Zéros, quand même), je vous redirige sur la documentation officielle, dont j'ai tiré la citation ci-dessus : Update-rc.d sur manpage.ubuntu.com.
Vous êtes presque arrivés à la fin. Maintenant, il faut « enregistrer » votre script pour qu'il soit pris en compte. Tapez
update-rc.d launcher defaults
update-rc.d pour mettre à jour, launcher pour le nom de votre script, defaults options par défaut : placement en bout de file d'attente, pour éviter les conflits
Normalement update-rc.d vous répond (il se peut que le message diffère) :
Vous pouvez faire en sorte que votre programme soit en tâche de fond. Pour cela, dans votre /etc/init.d/launcher, regardez au niveau de la fonction do_start() :
do_start()
{
# Return
# 0 if daemon has been started
# 1 if daemon was already running
# 2 if daemon could not be started
start-stop-daemon --start --quiet --background --make-pidfile --pidfile $PIDFILE --exec $DAEMON --test > /dev/null \
|| return 1
start-stop-daemon --start --quiet --background --make-pidfile --pidfile $PIDFILE --exec $DAEMON -- \
$DAEMON_ARGS \
|| return 2
# Add code here, if necessary, that waits for the process to be ready
# to handle requests from services started subsequently which depend
# on this one. As a last resort, sleep for some time.
}
start-stop-daemon est la commande principale. Analysons ses options :
--start pour démarrer le script ;
--quiet pour rendre le script silencieux (CQFD) ;
--background pour mettre le script en arrière-plan (CQFD) ;
--make-pidfile pour faire un fichier de processus (pour pouvoir forcer l'arrêt plus tard) ;
--pidfile $PIDFILE pour localiser le pidfile créé ci-dessus ;
--exec $DAEMON pour lancer le programme ;
--test.
Le reste, ce n'est pas la peine d'expliquer. Vous pouvez donc modifier ce code à votre guise pour faire votre demon.
Mais je fais quoi si je suis sous Kubuntu, sous Debian, … ?
Je vais vous aider pour quelques autres OS bien connus. J'ai testé sous toutes les versions ci-dessous.
Sous Kubuntu
La technique est la même : on copie notre exécutable sur /usr/bin/ puis on copie skeleton, on le modifie pour qu'il lance notre programme, et on fait un update-rc.d. La seule chose qui change est l'éditeur de texte : utilisez Kate (ou nano, ou Vim, etc.).
Sous Debian
De la même façon que sous Ubuntu ou Kubuntu, Debian possède un skeleton, un dossier init.d/ un update-rc.d, etc. Comme sous Ubuntu et Kubuntu, vous pouvez utiliser nano, Vim, etc.
Sous Mandriva
Là ça se complique : le skeleton est un peu différent, il y a des chmods pour les priorités d'exécution, etc. Je vous redirige donc sur la documentation officielle : Wiki de Mandriva.
Sous Fedora
Fedora gère ses demons de la même manière que Debian, donc pas de problèmes
Sous ArchLinux
Ici, autre fonctionnement, il n'y a pas de /etc/init.d. :lol: Il faut en fait ajouter son script au /etc/rc.d/ en respectant le skeleton suivant (attention à bien remplacer tous les noms de programmes, et autres chaines contenant "skeleton" :
Puis il faut modifier le fichier /etc/rc.conf en ajoutant à la liste des demons (bas du fichier) « @skeleton » (ou skeleton = nom du script, et @ pour mettre le script en tâche d'arrière-plan).
Et voilà, vous savez faire des demons. :) J'espère que ce tutoriel vous a plu ! ^^
Je tiens à remercier Norrin pour ses commentaires, nim65s qui m'a aidé pour ArchLinux, et enfin merci aux commentaires qui m'ont aidé. Je remercie aussi Poulpette et ptipilou pour leur correction plus qu'utile.